lundi 23 février 2015

L'homosexualité à travers les traditions africaines




La liberté des relations sexuelles entre les personnes de même sexe continuera à opposer les États encore pendant des années. En effet,  depuis quelques temps, les pays occidentaux essayent de faire pression envers certains États africains afin qu'ils cessent les violations  des Droits des personnes issues des minorités sexuelles.  Mais, les autorités africaines continuent à affirmer que cette forme de relation n’est point conforme aux valeurs ancestrales du continent. Elles sont appuyées dans ce discours par les églises évangéliques implantées à travers l’Afrique noire. Ces églises rajoutent à ce point de vue une vision religieuse qui tant à classer l’homosexualité comme une abomination.

Être homosexuel en Afrique est considéré comme une abomination. En 2014, 38 pays africains sur 54 condamnés les rapports sexuels entre les personnes de même sexe. (source: lemonde.fr)



De plus, certains États du continent noir, comme le Nigeria et l'Ouganda ont fait passer des lois qui condamnent l'homosexualité. Au Cameroun, l'homophobie a atteint  un tel paroxysme avec des arrestations arbitraires. En 2013, un activiste, Eric Ohana Lembembe a été battu à mort à Yaoundé. A ce jour, sa mort semble  être un crime homophobe. La RDC, pays où la loi reste encore neutre en ce qui concerne les rapports entre les personnes de même sexe, des projets de loi anti homosexuelle ont été proposés à trois reprises sans succès, respectivement, à l’Assemblée Provinciale de la ville de Kinshasa et à l’Assemblée Nationale. En Ouganda, la loi votée en 2013 a été annulée le 1er aout 2014 par la Cour constitutionnelle de Kampala. Déclarée comme illégale suite à la manière dont elle fut votée, cette loi avait fait l’objet d’une poursuite judiciaire en mars de l’année dernière par un groupe de militants LGBTI.

Dans la plupart des États africains même ceux dont la loi reste neutre en matière d'homosexualité, il est préférable de vivre sa relation en cachette par peur de stigmatisation.



Face à cette montée fulgurante de la haine envers les minorités sexuelles, il est grand temps de tirer la sonnette d’alarmes et de rappeler à l’opinion que l’homosexualité n’est pas un fait nouveau dans la société africaine. Le discours tendant à dire que c’est un comportement sexuel importé de l’occident et impropre aux coutumes ainsi qu’aux traditions africaines ne constituent qu’une méprise.


D’après plusieurs études et recherches menées par des chercheurs à travers l'Afrique, il a été démontré que l’homosexualité n’est pas un fait étranger. Les africains hommes ou femmes entretiennent des relations avec les personnes de même sexe depuis des siècles. Voici ci-dessous une liste de preuves de l’existence de l’homosexualité dans les différentes tribus du continent sous un angle purement traditionnel. Elle n’est certes pas exhaustive mais prouve à suffisance qu’il n’y a pas de raison de faire voter des lois anti homosexuelles ni à considérer les homosexuels africains comme des démons ou des personnes possédées ou encore des malades mentaux. D’ailleurs, cette liste démontre clairement que l’homosexualité était représentée sous différentes formes : homosexualité masculine, homosexualité féminine ou lesbianisme, travestissement, concubinage, mariage, etc.

  • ·         En Angola, le peuple Gangellas pratiquait l’homosexualité. Un jeune homme non circoncis et célibataire d’environ 18 ans pouvait vivre une relation amoureuse avec un garçon plus jeune qui l’attirait. Ainsi, il  faisait une demande auprès des parents du jeune garçon. Il leur offrait des vêtements ou de l’argent et une vache. Si les parents étaient d’accord, la relation des deux jeunes était reconnue et pouvait continuer même si le plus âgé se mariait avec une femme. Cette « union » pouvait s’arrêtait dans le cas où le plus jeune appelé Katumua grandissait et prenait à son tour une épouse pour fonder sa famille.

  • ·         Au Cameroun, les Béti pratiquaient un rite nommé Mévengu qui consistait à des attouchements entre femmes. Le Mévengu était considéré par ses adeptes comme une célébration du clitoris et de la puissance féminine. Ce rite uniquement réservé aux femmes comportait certaines danses dont les mouvements mimaient  le coït et le rôle masculin était tenu par une femme ménopausée.

  • ·         Au Sud-ouest du Soudan et au Nord de la RDC, le lesbianisme était pratiqué dans les foyers polygames Azandé. Ces relations se faisaient à l’aide des patates ou des maniocs taillés en forme de verge. Les femmes Azandé utilisaient aussi des bananes lors de leurs attouchements entre elles.  Cette pratique a été retrouvée aussi chez les Nkundo, un peuple de la région de Bikoro dans la Province de l’Equateur, où les épouses des maris polygames avaient des rapports sexuels entre elles. Ces femmes Nkundo s’adonnaient au saphisme car elles déclaraient ne pas être satisfaites par leurs époux.  


Toutefois, le lesbianisme n’était pas vu d’un bon œil par les hommes Azandé. Par contre, les relations sexuelles entre les hommes et les jeunes garçons étaient admises. Il était permis à un guerrier de prendre pour « épouse » un jeune dont l’âge variait entre 12 et 20 ans. Les Azandé justifiaient ce rapport par le fait que ces jeunes garçons étaient entrainés avec leurs « maris » guerriers dans les camps de guerre. Ces jeunes garçons jouaient le rôle des épouses et avaient des rapports sexuels avec leurs époux qu’ils appelaient affectueusement Badiare (mon amour). Cependant, la pénétration anales n’était pas autorisée car mal perçue par le peuple Azandé. Le coït se pratiquait entre les cuisses du jeune garçon.

Si les Azandé voyaient d’un mauvais œil les relations entre femmes, cela n’était pas le cas au Kasaï oriental où  la pratique était courante et se nommait kitesha. Il s’agissait  des hommes ou des femmes qui s’adonnaient à l’homosexualité.

  • ·         En Namibie, les femmes Herero pratiquaient aussi l’acte sexuel entre elles. Elles prétextaient le faire suite à la rareté des fréquences sexuelles avec leurs époux polygames.

  • ·         Au Burkina Faso, à la cour royale des Mossi, les jeunes pages appelés Soronés étaient choisis parmi les plus beaux garçons du Royaume. Ils étaient habillés en femme et satisfaisaient les besoins sexuels des chefs. Cette pratique n’était autorisée que le vendredi car c’était le jour où tout rapport hétérosexuel était interdit.

  • ·         Au Ghana, les  hommes Ashanti prenaient comme concubine les prisonniers de guerre qui étaient considérés comme des esclaves.  A la mort de leur maitre, ils étaient tués. Ce genre de relation était toléré chez les Ashanti au point que certains hommes libres, c’est-à-dire, non esclaves, devenaient aussi les concubines d’autres hommes. Cette société matriarcale donnait certaines faveurs à la femme et un homme efféminé ou vivant dans une condition de « femme » était d’office considéré comme une personne de sexe opposé.

  • ·         En Tanzanie, au Zanzibar, les esclaves également étaient des concubines de certains hommes. Ils étaient bien habillés et jouaient le rôle de la femme. 

  • Au Kenya, parmi les Massai, il y  avait certains initiés appelés Sipolio. Ces derniers s’habillaient en femme et se maquillaient. Ils avaient des relations sexuelles avec des hommes. Il en était de même pour les prêtres traditionnels nommés Sanga-Ya-Chimbanda. Ils affichaient ouvertement leur attirance envers les hommes et la société de l’époque tolérait leur choix. Chez les Méru, un peuple d’agriculteurs, il y avait également des hommes que l’on surnommait Mugawe. Ils portaient aussi des accoutrements féminins et leurs relations avec les personnes de même sexe n’étaient pas seulement sexuelles. Cela aboutissait à un mariage et à une vie de couples. Chez les Nandi, par contre, la situation était inversée. On trouvait parmi ce peuple, des femmes appelées Manong’otiot. Elles se comportaient comme des hommes au sein de la société.  Ces femmes étaient considérées au même titre que les hommes car on estimait qu’elles avaient atteint un niveau identique à celui du sexe opposé. Cette situation était similaire dans plusieurs pays, notamment en Éthiopie, au Bénin et en Afrique du Sud.



Article rédigé par Justice Walu


Article exploité à partir du document suivant : http://socio-logos.revues.org/37.